Le « Pont de Claies »

Il fut un temps où tous les champs bordant la Semois produisaient de magnifiques plants de tabac ou de fabuleuses récoltes de céréales. Le transport des récoltes soulevait certains problèmes, notamment le franchissement d'une rive à l'autre de la Semois en période de crue. En temps normal, les habitants des villages improvisaient des « passages d'eau », là où la rivière était la plus basse, tels les passages de Frahan, Hour (Laviot) et Mouzaive. Les habitants de Laforêt, construisirent un pont de claies, replacé chaque été sur la Semois. Il fait l'admiration de tous les touristes.

La vie n'était, certes, pas facile pour les paysans des années 1850-1860. Les travaux des champs étaient harassants, les outils peu maniables. On ne connaissait comme moyens de travail et de transport que les attelages de bœufs.

C'est de cette époque, ou même un peu avant, que date le « Pont de Claies » à Laforêt.

Les habitants construisirent ce pont sur la Semois pour pouvoir se rendre à pied à leurs occupations du « Rivage ».

Ce pont était assemblé uniquement pendant la bonne saison. Les piliers desoutien sont posés à même le fond de la rivière. Ils sont reliés entre eux par des perches transversales sur lesquelles sont posées les claies de bois. Ces claies consistent en branches de charme tressées autour d'une armature, faite de bois également. Chaque claie mesure environ 1,50 mètre sur 1 mètre .

En période de crues, au cours de l'été, les paysans devaient ou bien dégager les longues herbes qui s'enroulaient à la base des piliers, ou bien, si nécessaire, démonter le pont jusqu'à ce que tout danger soit écarté.

Une année, il est même arrivé de devoir le démonter et le remonter à trois reprises tant les eaux étaient fortes. Parfois aussi, le pont était emporté par les eaux. Actuellement, ce pont ne sert plus guère qu'aux touristes. Beaucoup l'empruntent pour faire des randonnées à travers prés et forêt, ou pour poursuivre leur promenade vers Chairière ou les « Crêtes » vers Vresse.

Hélas maintenant, les champs, qui jadis produisaient les plants de tabac, sont pratiquement incultes. Parfois, çà et là, au milieu des herbes folles ou des taillis, surgissent des tentes aux couleurs vives, de frêles chalets ou caravanes, ce qui rend la nature un peu moins sauvage. Mais le charme d'antan s'est envolé par la même occasion.

Avant que le « Pont de Claies » ne soit construit, il existait déjà un passage d'eau. La rivière était peu profonde en cet endroit et il était possible aux hommes et aux bêtes de traverser la Semois sans aucun risque.

Maintenant, le « Pont de Claies » est remonté, uniquement pour la saison touristique.

Un câble d'acier rejoint à partir de chaque rive le milieu du pont. Ce câble est relié aux quelque quatre-vingts claies qui constituent le pont.

Si l'ouvrage venait à être emporté par les eaux, il se scinderait en son milieu et les deux parties resteraient attachées au câble le long de chaque rive. Ce procédé permet de récupérer facilement les claies, qui, auparavant, étaient irrémédiablement entraînées par le courant de la rivière.

L« Pont de Claies » est en fait constitué de deux parties. Il y a le pont qui traverse la Semois et un second d‘une dizaine de mètres qui joint une petite île à l'autre rive du côté de Chairière.

 

La vieille fontaine

Située dans le bas du village, à l'entrée du chemin qui mène au « Pont de Claies », la vieille fontaine du village dresse ses quatre murs, jadis blanchis à la chaux, et son toit en ruines au milieu d'une végétation sauvage, où le sapin voisine avec le frêne ou le chêne.

Il y a longtemps que cette fontaine existe, bien avant 1850. Elle fut construite là où stagnait une nappe d'eau provenant de la source des « Rochettes » toute proche. A côté de la fontaine, où les lavandières venaient battre leur linge en l'imprégnant de cendres de bois, il existe un puits, presqu'au niveau du sol, où les ménagères venaient puiser l'eau nécessaire à leur famille.

A côté, se trouvait également un abreuvoir où les troupeaux du village remontant des pâtures de la « Prairie » venaient se désaltérer. D'autres puits existaient également à différents endroits du village appartenant souvent à une famille.

Actuellement, le lavoir est à l'abandon et la source ne débite plus autant, comme par le passé. En ce temps-là, il n'existait pas de distribution d'eau. C'est en effet en 1929 que Omer Claudot, le bourgmestre de Laforêt, fit venir un sourcier du pays de Virton. Il dut lutter jusqu'en 1951 pour voir installer la distribution d'eau dans toutes les maisons.

Une autre fontaine, assortie d'un abreuvoir pour le bétail se trouve encore en-dessous de l'ancien château, à deux pas de la vieille forge. Elle est alimentée par la source de « Rabumont ». Quand il y avait pénurie d'eau à cet endroit, les gens qui habitaient le haut du village devaient descendre à la fontaine du bas. C'était une corvée harassante, d'autant plus qu'il fallait effectuer plusieurs fois le trajet dans la journée et que la « route » était parsemée tant de « nids de poules » que de pierres de tous calibres, sur lesquelles on risquait à tout moment de se trébucher. En période de verglas, il est même arrivé à Omer Claudot de remonter jusqu'à septante seaux d'eau par jour pour sa famille et son bétail.

Actuellement, cette fontaine sert de trop-plein au château d'eau construit suer les pentes de la « haille ».

 

Le gîte d'étape

Ce bâtiment, situé à côté du presbytère, appartenait jadis à la veuve Lebas-Henry, dont les six enfants moururent entre 15 et 22 ans (le dernier tomba du haut d'un pommier).

Il fut vendu par la suite à un facteur d'Orchimont puis racheté par l'abbé Desmet, des « Colonies fraternelles », en 1925.

Il hébergeait des colonies de scouts pendant les périodes de vacances. Leurs cris et leurs jeux donnaient un peu d'animation au village. Le dernier jour de leur séjour, ils organisaient, toujours le soir, un feu de camp, autour duquel ils invitaient les gens du village à venir écouter, chansons, petites histoires, etc.

Le bâtiment resta longtemps inoccupé, servant parfois à l'organisation de petites fêtes ou de réunions.

Il appartient maintenant au docteur Crochelet qui l'a aménagé récemment en maison de campagne.

 

Le presbytère

Par le Concordat de 1801 entre Napoléon 1er et le pape Pie VII, Sugny, Vresse et Laforêt cessèrent d'appartenir à l'archidiocèse de Reims et furent rattachés au diocèse de Namur. De plus, Vresse et Laforêt dépendant jusqu'alors de la paroisse de Sugny, devint une paroisse à son tour. Auparavant, les vicaires demeurèrent pendant plusieurs siècles à Vresse. Par suite de ce changement, Laforêt devint le siège de la nouvelle paroisse. En effet, à cette époque, Laforêt était beaucoup plus important que Vresse et comptait presque le double d'habitants. De plus, l'église de Laforêt était plus belle et plus spacieuse que la chapelle de Vresse. Le village ne possédait cependant pas de presbytère. Or, une maison située en face de l'église se trouvait précisément à vendre ; c'était l'ancienne maison de la famille Gabriel, dont les deux filles habitaient la France.

La commune acheta cette maison tombant en ruines pour 250 francs. Elle y fit quelques transformations et y logea le nouveau curé. C'est encore le presbytère actuel. On peut donc dire que l'honneur d'avoir le curé n'a pas coûté cher à la commune de Laforêt !... (D'après l'abbé Fontaine.)

 

L'église

Comme c'était le cas pour Vresse, Laforêt aurait eu sa première église au VIIIe ou IVe siècle. A cette époque, Laforêt se trouvait être dans le rayonnement de l'abbaye de Saint-Hubert, qui y conserva certains droits jusqu'au moment de la Révolution.

En 1235, dame Clarisse, douanière de Gedinne, fit don de 2 sols à l'église de Laforêt pour sa réparation. Ce qui signifie donc que le bâtiment était relativement ancien. Ce n'est certes pas avec pareille somme que l'on put entreprendre de grands travaux à l'église. Surtout quand on saura, qu'à cette époque, une vache valait déjà 10 sols.

L'église fut reconstruite en 1457, comme l'indique l'acte de consécration conservé dans les archives paroissiales. C'est en 1779 que fut édifiée l'église actuelle, la précédente ayant été démolie en 1778. Elle fut bénie solennellement en septembre 1779. La plus grande partie des pierres provenait des « Rochettes » et les bois des « Picherelles ». Beaucoup d'ouvrages furent faits par corvée.

L'abbé Hureau, le curé de cette époque, fit le compte de la dépense en n'oubliant pas tous les litres d'eau de la vie consommée au cours des travaux ! Elle s'élevait à 7.030 livres , 6 sols, 6 deniers. Le mobilier de l'église de Laforêt est du début du XVIIIe siècle. Il est l'œuvre de Pierre Delogne de Oizy, qui l'a réalisé en 1745. La chaire de vérité qui date de 1791 a coûté pas moins de 400 livres .

L'église fut entièrement restaurée en 1967 sous le pastorat de l'abbé Warnier. Le jubé fut démoli et solidement reconstruit, la toiture fut remplacée et les murs extérieurs furent recouverts d'un gros crépi ardennais. La restauration intérieure fut réalisée en vue de sauvegarder le patrimoine artistique, c'est-à-dire la chaire de vérité et le retable du choeur. La pierre de France provenant de l'ancien autel trouva sa place sur le nouvel autel.

Incontestablement, ce qui attire le plus l'attention dans l'église est la polychromie de la voûte due à l'artiste namurois L-M. Londot et exécutée par Maurice Mergny de Vresse.

Cette polychromie veut donner à l'église un aspect de joie et de fête par une harmonisation et un jeu de couleurs très vives même et de formes géométriques inattendues parfois, avec les moyens d'expression d'aujourd'hui, sans que cela n'entraîne aucune élucubration philosophique. Bien sûr, cette œuvre provoque un choc, une surprise. Elle sort de la décoration « standard », conventionnelle.

Cette polychromie constitue sans doute un « passe-temps » pour le touriste qui pénètre pour la première fois dans l'édifice, et qui, par son appartenance à la région du nord du pays, ne comprend pas toujours ce qui se dit pendant les offices…

Les braves paroissiens de Laforêt, quant à eux, ont déjà dépassé ce stade de la « contemplation » au point de ne plus « voir » ce qui, dès le début, leur avait donné un fameux coup d'assommoir !

Ils auront bientôt tout lieu d'être fiers de leur nouveau chemin de croix qu'ils attendaient – presque sans espoir – depuis plusieurs années. En effet, la Commission diocésaine d'Art sacré a donné son accord à la réalisation d'un chemin de crois par le peintre Jacques Vander Elst de Vresse.

Les quatorze stations dessinées au fusain sont centrées sur le Christ et la croix, les autres personnages n'apparaissant qu'en silhouette. Ce chemin de croix dont le peintre Vander Elst fait don à l'église de Laforêt sera inauguré le dimanche 13 octobre en la fête de saint Denis, second patron de Laforêt.

 

Le monument

Il se situe à l'emplacement d'une ancienne laiterie. Il s'agissait d'une grosse maison en torchis et soubassements en pierres du pays, où naquit Omer Claudot. Elle fut démolie en 1929. La commune racheta l'emplacement et y construisit un monument en l'honneur des morts du village. Il fut inauguré en 1930, lors des festivités organisées pour le centième anniversaire de l'Indépendance.

Ne voulant pas investir trop d'argent dans ce monument, la commune de Laforêt, ayant appris que le lion en bronze provenant du monument de Bohan était à vendre, l'acheta pour quelques francs et le plaça sur la colonne de pierre érigée sur la place du village.

 

La forge

La vieille forge de Laforêt à fait beaucoup parler d'elle depuis plusieurs mois déjà. En effet, le Fourneau Saint-Michel à Saint-Hubert, désirait l'acquérir pour la démonter totalement et la remonter dans son domaine de Saint-Hubert.

C'est alors que les « Amis de Vresse » prirent en charge la défense de la vieille bâtisse, désirant y créer un centre artisanal et d'animation.

Cette vieille forge date de 1880 et appartient, depuis cinq générations, à la famille Claudot. Assortie du « travail » pour les chevaux et remplie d'une véritable panoplie d'outils, elle constitue un étonnant musée de la vie rurale.

Omer Claudot est le dernier forgeron maréchal-ferrant de la lignée. Il commença comme apprenti à la forge de ses parents, à l'âge de 10 ans. Il y travailla pendant 66 ans. Actuellement, M. Claudot ferre encore parfois l'un ou l'autre des rares chevaux qui restent dans la région. En plus de ferrer les chevaux, M. Claudot fabriquait aussi des haches, des burins, des pioches ou des courbets.

La vieille forge possède plus de quatre-vingt pinces différentes, un outil à faire des marteaux de moulin, un appareil à refouler les bandages des roues, une meule en pierre de 250 kg (son père en a usé trois semblables) un soufflet à piston acheté à l'exposition universelle de Paris en 1890, ainsi qu'une foreuse à volant, des enclumes de toutes les dimensions, des outils de tous genres fabriqués par la famille Claudot.

 

L'école

Jusqu'en 1804, Laforêt ne possédait pas d'école. Quelle chance diront certains ! Mais il ne faut pas se réjouir trop vite. En effet, on allait déjà à l'école bien avant. Mais pendant l'hiver uniquement. La salle d'école consistait en une simple chambre où les enfants se réunissaient autour du maître. A cette époque, on louait le maître à gages pour quelques mois. Bien souvent, en plus de ses fonctions d'instituteur, il cumulait celles de marguillier et parfois aussi, comme c'était notamment le cas à Membre, celles de chantre et d'organiste.

C'est au docteur Delogne que l'on doit la description suivante des écoles d'il y a cent ans : « Les bâtiments d'écoles étaient des taudis, des « fournils » comme on dit en Ardenne. Les corrections manuelles étaient en honneur ; on envoyait le délinquant chercher une baguette d'osier, on la tressait et on lui administrait une râclée. Pas de méthode de lecture, on y allait avec le premier livre qui vous tombait sous la main ; on apprenait sa « crougette », ainsi nommée parce qu'il y avait une croix sur la couverture, c'est-à-dire le tableau comprenant l'alphabet et les diphtongues. On apprenait tant bien que mal à lire, écrire et calculer (on disait « faire des chiffres ») ; beaucoup qui en sortaient n'auraient su signer et faisaient une croix. Pas de notions d'histoire ni de géographie ; l'école ne durait d'ailleurs que de la Toussaint à Pâques. Etait nommé instituteur qui savait à peu près lire, écrire et calculer.

On louait pour cinq mois, moyennant la somme de 25 francs, une pièce de 6 mètres de côté environ. Il y avait, au milieu, un trou servant à déverser les pommes de terre dans la cave, lors de la récolte, on avait simplement posé une planche par-dessus. Il y avait deux tables allongées, comme dans les auberges, la grande division écrivait là-dessus. Tout autour de la place, il y avait des madriers posés sur des cailloux ou tronçons d'arbres, la division inférieure s'y asseyait. Une vitre à plombs, d'un mètre carré, éclairait à peine la place ; on y asseyait encore deux ou trois bambins ; il y avait de 60 à 80 élèves ».

La commune de Laforêt avait une école en 1829, derrière le presbytère actuel. En 1844, elle acheta une maison pour y loger l'instituteur. Jusqu'alors, celui-ci louait une chambre dans le village, s'il était célibataire, ou une petite maison s'il avait une famille.

En 1853, la commune aliéna le logement du maître et l'école et construisit l'école actuelle sans recourir à quelques subsides. Cette même année, elle ne consacra pas moins de 50.000 francs pour donner aux locaux scolaires les derniers perfectionnements qu'exigeaient les progrès des méthodes modernes.

Actuellement, l'école de Laforêt ne compte qu'une quinzaine d'élèves, alors qu'à cette époque, il y en avait de trente à quarante.

 

Le château de Laforêt

Ce n'est pas à proprement parlé un château, mais bien plutôt une maison plus vaste que les autres, située sur un promontoire entre les deux routes qui montent vers Sugny et appartenant actuellement à la famille Nangniot. La disposition intérieure, les boiseries sculptées des portes et des cheminées attirent aussitôt le regard du visiteur. Cette maison fut en effet construite dans le but d'être affectée à un collège. D'après certaines rumeurs, celui qui a construit le château de Laforêt, aurait pris sa part de bution lors de l'incendie de l'abbaye d'Orval au XVIIIe siècle. Ce serait donc avec le produit de ses larcins qu'il aurait fait bâtir le château de Laforêt. Mais je n'ai pu vérifier ces rumeurs.

C'est en effet vers les années 1780 que vint s'établir à Laforêt, Charles-Marie Cazé, ancien officier des armées impériales. On ignore cependant pour quelle raison il choisit précisément le village de Laforêt pour se fixer. Il se mit à enseigner aux enfants du village l'arithmétique, le français et même un peu le latin. Il faut croire que l'enseignement de ce maître improvisé porta ses fruits, car quelques années plus tard, on voit plusieurs de ces enfants devenir instituteurs. Les enfants des villages environnants furent même admis à cette école dont la renommée atteignait les communes voisines. Le nombre de ses élèves augmentant d'année en année, Cazé sollicita et obtint de la commune un emplacement où bâtir un pensionnat. La rénovation mit un terme au collège de Laforêt.

Quant à M. Cazé, on croit qu'il se serait réfugié dans la région d'Orval… qu'il connaissait bien d'ailleurs. Il serait mort à Bouillon.

 

Le ruisseau

La grand-rue actuelle du village, avec ses caniveaux cimentés et son tapis de tarmac n'avait certes pas si fière allure, il y a 130 ans à peine.

En effet, à cette époque, les maisons situées de part et d'autre de la route actuelle, étaient construites sur un talus surplombant un ravin de plus de 2 mètres de profondeur, au fond duquel coulait un ruisseau boueux, grossi par les eaux venant des champs et de « Rabumont ». Ce ruisseau partait de « l'Atcherreau », près du château, descendait le village près de l'église et allait se perdre dans la Semois après avoir traversé la « Prairie ».

A la fonte des neiges ou quand il pleuvait, le ruisseau était un véritable bourbier qu'il fallait pourtant bien emprunter avec les attelages ou le bétail pour se rendre d'un côté à l'autre du village.

Vers 1850, la commune décida la construction d'un aqueduc sur tout le cours du ruisseau, c'est un véritable travail de titan qu'elle réalisa, enfermant le ruisseau dans une conduite de 1 mètre de large sur 80 centimètres de hauteur et recouverte de tous les côtés par des dalles en schiste de 25 centimètres d'épaisseur et pesant jusqu'à 200 kilos chacune. Ce travail fut réalisé avec une main-d'œuvre bénévole. Les ouvriers travaillaient bien souvent pour 1 sol par jour.

Des conduites plus étroites, captant les autres ruisseaux du village, venaient se jeter dans l'aqueduc principal.Actuellement cet ouvrage d'art existe toujours. Quand on construisit la route actuelle, on mit plusieurs fois à jour les canalisations auxquelles sont raccordées les distributions d'eau de chaque maison.

Bien souvent, les gamins du village se faisaient un jeu d'aller d'un bout à l'autre du village en se faufilant dans l'aqueduc. Pas étonnant alors que leurs parents ignoraient où ils étaient ! Qui aurait pu s'en douter ?

 

Le moulin Simonis 

Vers 1870, toutes les communes savaient leur moulin à froment. Sur le même ruisseau, la « Membrette », et sur une distance de 10 kilomètres , depuis Membre jusqu'au « Moulin brûlé », il existait quatre moulins, le moulin de Membre, le moulin Simonis, le moulin Jean Lambert et le moulin Nemery.

Situé près de Membre, mais sur le territoire de Laforêt, le moulin Simonis fut construit par un certain Simonis, meunier de longue date.

Les fermiers de Laforêt lui amenaient, à travers bois, par le chemin de Simonis, et bien souvent sur leur dos, les sacs de grains à moudre. En plus du prix de la mouture, le meunier avait droit à un certain pourcentage de farine par sac de grains.

Le moulin changea de mains à sept ou huit reprises. Il fut racheté vers 1946 par Ernest Bouzin de Laforêt qui l'exploita pendant quelques années. Il fut ensuite transformé en un magnifique hôtel rustique, où les roues et les engrenages de l'ancien moulin ont été préservés et mis admirablement bien en valeur dans la salle du café.

 

LA FOIRE ARTISANALE DE LAFORÊT

 

Jusqu'à l'automne de l'année 1976, le petit village de Laforêt vivait dans un grand calme. Si les villageois connaissaient déjà des distractions auparavant, cela se limitait aux deux concours de couyon annuels, celui de la Saint-Denis en octobre et celui de la Sainte-Agathe en février, qui avaient lieu le samedi soir au « CAVRE DES ROCHETTES », le café qui était situé au centre du village. Mais voilà que fin septembre 1976, un nouveau mot parvient aux oreilles des forigeots.

Une guinguette ? Oui, une guinguette. Quelle en est la raison ? La population du village est encore à l'époque constituée de quelques familles dans lesquelles il y a des adolescents qui désirent recréer un peu d'ambiance au milieu des leurs tout en attirant chez eux des jeunes des villages voisins. On peut ici penser aux familles NAISSE, GALLOY et CUNIN. Par conséquent, les jeunes membres de ces familles se mettent d'accord pour faire venir à Laforêt une guinguette afin de recréer un peu d'ambiance dans notre petit bourg à l'occasion de la Saint-Denis les samedi 9 et dimanche 10 octobre 1976.

Encadrés et soutenus par leurs parents et par quelques adultes du village, les jeunes forigeots réussissent leur première « dicause » qu'ils renouvelleront durant de nombreuses années en ajoutant toutefois au programme de leurs activités, une course de caisses à savon qui aura lieu en 1977 et en 1978 le 21 juillet. Notez cependant que l'organisation de cette course avait déjà été prise en charge trois ans plus tôt par des Bruxellois qui revenaient passer leurs vacances dans la localité.

Quant à l'année 1979, elle a l'honneur d'être celle de la naissance à Laforêt d'une très belle activité qui sera baptisée « Foire artisanale ». Cette naissance étant fixée au samedi 21 juillet, jour de la Fête Nationale , c'est alors que la course de caisses à savon est postposée au 15 août, jour de l'Assomption. Durant plusieurs semaines, jeunes et moins jeunes, membres du comité local présidé à l'époque par Claude CUNIN, étaient particulièrement motivés pour préparer cette nouvelle naissance au village.

Et de fait, en ce qui concerne les préparatifs, il y avait du pain sur la planche. En plus de la répartition des tâches pour les quatre jours de fête et de la construction des stands qui allaient se voir confier pour mission d'abriter des artisans, il fallait encore entourer de branches de sapins toutes les portes des granges et des garages qui allaient devoir aussi abriter des artisans, placer des grands panneaux publicitaires sur tous les murets dans le village, et ce n'est pas tout car je n'ai pas encore dit le plus gros, pour montrer que le village porte bien son nom, il fallait encore aussi transformer la pelouse de notre ami Omer GRANDJEAN, proche de l'église, en une véritable forêt.

Et de fait, étaient éparpillés dans cette pelouse, des arbres à l'ombre desquels beaucoup ont pu prendre un verre calmement. Ces arbres entouraient une hutte construite quelques jours plus tôt par des jeunes forigeots pleins de bonne volonté et qui fut habitée, l'espace de deux jours, par un personnage bien connu qui avait d'ailleurs fait l'objet d'émissions télévisées : Gaston LUCY de Bièvre, mieux connu sous le nom de « Sanglier des Ardennes » qui mettait en vente des livres écrits en patoi et dont il était lui-même l'auteur. Une poule, domiciliée dans l'étable voisine, s'était même donné la permission de grimper jusqu'au sommet de cette hutte, sans doute pour regarder d'un peu plus haut le déroulement de cette première foire artisanale. Parmi les très nombreux témoins de cette naissance, nous retiendrons notamment la présence du Grand Jojo qui fut la vedette choisie pour animer le bal du samedi soir dans une guinguette pleine à craquer et beaucoup trop petite pour la circonstance.

Mais on ne peut pas parler de la foire à Laforêt sans parler d'une naissance arrosée. D'ailleurs, tous les anciens qui vous raconteront le cinquième jour de fête, qui n'était pas inscrit au programme, ne pourront le faire sans provoquer quelques grands éclats de rires. En effet, ce mardi 24 juillet 1979, après la photo du groupe des 3 X 20 du village devant la hutte, (photo sur laquelle on retrouve une vingtaine de personnes qui sont maintenant décédées), plusieurs bouteilles de goutte furent débouchées. Voilà ce qui explique que la petite fête s'était prolongée jusqu'aux heures un peu tardives. Mais une fois le soir arrivé, ce n'et pas sans grosses difficultés que les plus âgés, et notamment le quatuor (Ernest BOUZIN, Désiré DINANT, Omer GRANDJEAN et Paul FELTES), ont rejoint leur domicile et surtout leur chambre.

Durant les trois années qui ont suivi, d'autres vedettes ont été choisies pour animer le bal qui suivait la foire : Robert Kogoi en 1980, Hollywood Bananas en 1981 et Mino en 1982. N'oublions pas non plus de signaler que durant ces trois années, beaucoup se réunissaient pendant la foire, dans une prairie située non loin du cimetière pour assister aux départs des baptêmes de l'air en hélicoptère.

Durant les très nombreuses années qui ont suivi, la foire artisanale de Laforêt a vu défiler du plus en plus de visiteurs et de plus en plus d'animations musicales. A deux reprises, le 21 juillet 1988 et le 21 juillet 1993, c'est-à-dire, au terme des dixième et quinzième foires artisanales, l'ASBL l'Ardennaise présidée par Joseph PARIZEL, a offert à cette foire, les deux beaux gâteaux d'anniversaire que furent les deux beaux feux d'artifice qui ont attiré la grande foule. Après quelques années, cette même ASBL avait également pris la décision d'accepter uniquement les vrais artisans, c'est-à-dire, ceux qui travaillent sur place. Par ailleurs, elle s'efforce aussi de choisir des animations qui motivent les gens à se déplacer pour venir à la foire et de choisir des groupes musicaux qui retiennent les gens le plus longtemps possibles dans les buvettes et les tables.

Actuellement, le but de cette ASBL est de poursuive cette activité le plus longtemps possible mais pour cela, elle doit pouvoir compter sur les plus jeunes. Au cours de ces dernières années, nous avons pu admirer la motivation et la subtilité de certains enfants pour le service dans les tables et pour le calcul mental quand il s'agit de calculer le prix des boissons ou de rendre la monnaie. C'est ce qui nous encourage à rester optimistes.